Princeps - Raphaël/ Loïc

Publié le par Elerina

Loïc faisait une visite détaillée de la chambre en attendant que Raphaël trouve le courage de parler. Finalement, il s'installa sur le canapé, avec une des livres de la bibliothèque dans les mains. S'il fallait attendre, il avait de quoi prendre patience.

  • D'accord, de toutes façons, tu n'abandonneras pas.

  • Que né ni...

Raphaël s'installa à côté de Loïc.

  • Difficile de savoir par quoi commencer...

  • Si tu veux, tu peux répondre à mes questions : C'est quoi ces bandages que je vois constamment sur ton avant bras, pourquoi tu t'es décidé aujourd'hui à suivre cet abruti de Luc, comment tu te sens maintenant ?

  • Stop ! Ça fait déjà pas mal. Il entreprit d'enlever les bandages et offrit aux yeux de Loïc un avant bras meurtri, les lacérations étaient encore rouges et gonflées. Loïc écarquilla les yeux, ébranlé devant la cruauté du geste de Raphaël. Oui, je me scarifie, d'habitude c'est juste ce trait là, c'est la marque du serment de sang que Renan et moi avions fait tous les deux. Les autres, datent de cette nuit. Dans mon rêve, il m'a accusé d'être responsable de sa mort et m'a affirmé qu'il t'arriverait la même chose si tu restais en ma compagnie. Il m'a demandé de le rejoindre. Je n'ai pas eu ce courage...

  • Se donner la mort est une lâcheté, pas du courage. Dans certaines conditions, vivre demande bien plus de force d'âme. Si je comprends bien, tu te punis de la mort de ton ami en ravivant la marque. Ça date de combien de temps déjà ?

  • Cinq ans.

  • Comment il est mort ?

  • Deux jours après notre serment, on lui a diagnostiqué une leucémie. Elle était dans un état avancée. Les derniers mois de sa vie, je ne l'ai pas quitté. Je l'ai accompagné dans ses souffrances, mon âme était torturée de savoir que je ne pouvais rien faire de plus. J'étais à ses côté lorsqu'il a quitté ce monde. Je l'ai vu rendre l'âme, j'ai senti sa main me lâcher. Après sa mort, tu peux imaginer le désespoir. Une torture continuelle. C'est lorsqu'il parle en son nom que l'homme est le moins lui-même. Donnez-lui un masque et il vous dira la vérité . C'est en lisant une oeuvre d'Oscar Wilde que j'ai eu envie que mon image soit en adéquation avec ce que je vis en moi. Alors, naturellement, le noir s'est imposé, couleur du deuil. Et puis, l'élégance a suivi. Mes tenues sont devenues de plus en plus raffinées, élaborées, car la tristesse doit être sublimée, j'ai voulu la rendre belle et ainsi elle est devenue plus acceptable. Et puis, je suis admiratif des écrits de Baudelaire, Wilde, Poe, et tout ce qui prône la supériorité des sentiments et de la passion. Je retrouve tout ce que je ressens. Renan est toujours présent. Nos âmes restent liées à travers le temps, à travers la mort. L'amour n'a pas besoin des corps.

Publié dans lectures

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